L'hotel à abeilles
Jean-Noël partage avec nous sa passion des abeilles mais que connaissons nous d'elles. C'est l'un d'entre nous qui a un ami membre du Museum d'Histoire Naturelle et Responsable du Jardin des Plantes de Paris qui nous transmet cet article sur l'habitat des abeilles. Nul doute que vous serez passionnés vous aussi par toutes ces connaissances.
L’HÔTEL À ABEILLES
Toutes les abeilles sauvages sont bienvenues à l’hôtel !
Les abeilles terricoles construisent leurs nids dans le sol dénudé ou peu couvert de végétaux ; les Andrénides sont des abeilles printanières, fouisseuses dont la vie sociale est rudimentaire (ex. Andrena vaga creuse un terrier). Les Andrénides et les Halictides sont terricoles.
Les abeilles rubicoles (celles qui fréquentent les ronces) recherchent des tiges de plantes, comme le sureau, emplies de moelle suffisamment tendre pour qu’elles puissent y creuser facilement leurs nids aux dimensions qui leur conviennent.
Les abeilles caulicoles pondent dans les tiges creuses de plantes, notamment le roseau et les ombellifères (Apiaceae), ou dans des branches creuses (ex. parmi les abeilles mégachiles Chelostoma florisomne).
Les abeilles charpentières (ex. Xylocopa violacea) exploitent le bois mort en le creusant ou en utilisant les galeries (branches, charpentes non entretenues).
Les abeilles tapissières (ex. Megachile rotundata, abeille coupeuse de feuilles) nichent dans des cavités comme du bois perforé par d’autres insectes tels que des coléoptères xylophages (aux larves mangeuses de bois) ou des fissures de rochers.
Les femelles de certaines espèces tapissent leurs nids avec des fibres végétales (ex. l’abeille cotonnière Anthidium manicatum) ou en découpant de petits ronds dans les feuilles (Megachile rotundata parfois découpe les feuilles du robinier faux-acacia).
L’abeille masquée, Hylaeus signatus (Colletidae) nidifie dans des tiges creuses, les trous étant creusés parfois par d’autres insectes.
Les abeilles-coucous (ex. le genre Nomada) pondent dans des nids construits par d’autres espèces ; la larve est parasite est se développe aux dépens de la progéniture de la travailleuse.
Les abeilles sauvages piquent-elles ?
Contrairement aux guêpes et aux abeilles élevées dans des ruches pour la récolte du miel, les abeilles solitaires n’attaquent jamais. Elles ne piquent que si on les saisit, si ce sont des femelles car les mâles ne possèdent pas d’aiguillon. Observons-les en toute sérénité !
QUELQUES ABEILLES SAUVAGES
Les abeilles sont des hyménoptères, apocrites, aculéates.
Hymenoptera : insectes dotés de quatre ailes membraneuses et les deux paires d’ailes sont jointes par une rangée de petits crochets.
Apocrita : hyménoptères caractérisés par un étranglement au niveau de l’abdomen.
Aculeata : les femelles possèdent un aiguillon abdominal communément appelé dard.
Les caractères qui distinguent les familles, les genres et les espèces sont les nervures et les cellules dessinées sur les ailes, la longueur et la forme de la langue, le dispositif de récolte du pollen, la pilosité, la couleur, la ponctuation du corps, la longueur des antennes…
Les bourdons sont des abeilles sociales qui édifient des sociétés annuelles. Les Halictidés ont une socialisation plus ou moins élevée. Cependant, la plupart des abeilles sont solitaires (Andrènes, Collétidés, Mégachilidés). Les femelles nidificatrices édifient leurs nids sans l’aide d’autres femelles.
Les abeilles sont plutôt généralistes et butinent plusieurs fleurs mais certaines abeilles ne butinent qu’une seule famille de plante ou un seul genre végétal, par exemple Colletes hederae ne butine que le lierre.
Andrenidae Andrena carantonica Pérez, 1902
Andrenidae Andrena fulva Muller, 1766
Andrenidae Andrena haemorrhoa Fabricius, 1781
Apidae Anthophora plumipes Pallas, 1772
Apidae Bombus Iucorum L., 1761
Apidae Bombus lapidarius L., 1758
Apidae Bombus pascuorum Scopoli, 1763
Apidae Eucera longicornis L., 1758
Apidae Nomada fabriciana L., 1767
Apidae Nomada panzeri Lepeletier, 1841
Colletidae Colletes daviesanus Smith, 1846
Colletidae Colletes hederae Schmidt & Westrich, 1993
Colletidae Hylaeus communis Nylander, 1852
Halictidae Lasioglossum calceatum Scopoli, 1763
Halictidae Lasioglossum morio Fabricius, 1793
Megachilidae Anthidium manicatum Linné, 1758
Megachilidae Chelostoma campanularum Kirby, 1802
Megachilidae Coelioxys inermis Kirby, 1802
Megachilidae Megachile willughbiella Kirby, 1802
Megachilidae Osmia caerulescens L., 1758
Megachilidae Osmia rufa L., 1758
LES PLANTES DES PRAIRIES PRÉFÉRÉES DES ABEILLES
La liste des plantes favorables aux pollinisateurs est encore bien longue : en voici les plus importantes.
La Vipérine commune est une plante mellifère. L’attirance des abeilles, bourdons et papillons pour cette plante est exceptionnelle.
Apiaceae, Daucus carota (L., 1753), Carotte sauvage
Apiaceae, Eryngium campestre (L., 1753), Panicaut
Apiaceae, Heracleum sphondylium (L., 1753), Berce commune
Apiaceae, Pastinaca sativa (L., 1753), Panais commun
Asteraceae (Composées), Achillea millefolium (L., 1753), Achillée millefeuille
Asteraceae (Composées), Carduus nutans (L., 1753), Chardon penché
Asteraceae (Composées), Centaurea pratensis (Thuillier), Centaurée des prés
Asteraceae (Composées), Centaurea scabiosa (L., 1753), Centaurée scabieuse
Asteraceae (Composées), Cichorium intybus (L., 1753), Chicorée sauvage
Asteraceae (Composées), Cirsium eriophorum (L.) Scopoli, 1772, Cirse laineux
Asteraceae (Composées), Leontodon hispidus Linné, Léontodon variable
Asteraceae (Composées), Leucanthemum vulgare (Lamarck, 1779), Grande marguerite
Asteraceae (Composées), Tanacetum vulgare (L., 1753), Tanaisie vulgaire
Boraginaceae, Echium vulgare (L., 1753), Vipérine
Caprifoliaceae (anciennement Dipsacaceae), Dipsacus fullonum (L., 1753), Cardère
Fabaceae, Anthyllis vulneraria (L., 1753), Vulnéraire
Fabaceae, Lotus corniculatus (L., 1753), Lotier corniculé
Fabaceae, Onobrychis viciifolia (Scopoli, 1772), Sainfoin
Fabaceae, Trifolium pratense (Linné), Trèfle des prés
Lamiaceae, Ballota nigra (L., 1753), Ballote
Lamiaceae, Origanum vulgare (L., 1753), Origan
Lamiaceae, Prunella vulgaris (L., 1753), Brunelle commune
Lamiaceae, Stachys officinalis (L.) Trevisan, 1842 Bétoine ou Épiaire
Malvaceae, Malva moschata (L., 1753), Mauve musquée
La conservation de l’habitat est le plus sûr moyen de protéger les abeilles sauvages considérées comme utiles car excellentes pollinisatrices.